L’histoire de la pharmacie se rapproche de celle de la ville de Reims.
En 1914, le bâtiment n’existe pas, on trouve à sa place la succursale nº37 de la Société rémoise d’épicerie tenue par M. Doudoux, et au nº 3 le café-billard Saint-Timothée tenu par M. Haquin.
Mais tout cela va changer rapidement
Le samedi 1er août 1914, à 4 heures de l’après-midi, tous les clochers de France font entendre un sinistre tocsin.
Ces événements font suite à l’assassinat d’un archiduc autrichien à Sarajevo, un mois plus tôt, le 28 juin 1914. C’est le début de la première guerre mondiale , guerre que chacun espère courte… et victorieuse !
Le 3 septembre 1914, un mois après le début des hostilités, les armées allemandes entrent à Reims. Le 4 septembre, elles sont à Épernay, se dirigeant sur Paris.
Dans la nuit du 4 au 5 septembre, depuis son quartier général de Bar-sur-Aube, le général Joffre, commandant en chef des armées françaises, lance son fameux ordre du jour : L’heure est venue d’avancer coûte que coûte et de se faire tuer sur place plutôt que de reculer.
La contre-offensive victorieuse de la bataille de la Marne délivre Épernay le 11 septembre et Reims le 13. Commence alors la guerre de tranchées, dont l’atroce monotonie est interrompue, en Champagne, par deux coûteuses offensives françaises, celle de septembre 1915, à l’est de Reims, et celle du printemps 1917, qui arrache à l’ennemi les positions dominantes du Chemin des Dames et des Monts de Champagne.
Pendant les trois années et demie que dure la guerre de tranchées, les lignes allemandes demeurent à 1 500 mètres au nord-est de Reims, qui subit 1051 jours de bombardement.
La cathédrale est atteinte dès le 19 septembre 1914 puis à plusieurs reprises,elle terriblement endommagée.
La cathédrale, sanctuaire des sacres, apparaît ici comme le symbole de la barbarie destructrice de la Grande Guerre. Le bombardement dont elle a été la cible est hautement symbolique de la stratégie militaire allemande.
Prétextant que la terrasse des tours pouvait servir de poste d’observation, l’armée allemande canonne les combles, la charpente prend feu et embrase les échafaudages dressés contre la tour nord bientôt calcinée.
Au total, ce sont 350 obus qui furent tirés sur l’édifice, crevant les voûtes de la nef et mutilant 70 statues, dont L’Ange au sourire.
Les observateurs de l’époque insistent sur la volonté de l’ennemi de détruire la cathédrale, en épargnant les maisons alentour. Les habitants de Reims doivent apprendre à vivre à l’ombre de cet emblème mutilé.
Durant la guerre déjà, un débat s’engage sur l’opportunité de laisser le monument en l’état, comme témoignage de la barbarie ennemie.
Après la guerre, une restauration à l’identique est finalement décidée. Des ruines ne subsisteront que les images documentaires. La reconstruction de la cathédrale ne sera totalement achevée qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, en 1937.
À la fin de la guerre, la ville aura été détruite à 60%.
Reims et sa cathédrale, « ville martyre » devient alors un symbole pour la France entière pour dénoncer les actions de l’armée ennemie.
Ces images et ces slogans sont utilisées largement dans la propagande tant en France qu’auprès des Alliées.
Cette utilisation médiatique de la ville permit cependant à accélérer la reconstruction de la ville, en concentrant certains investissements notamment américains pour la reconstruction.
La place Saint-Timothée.
Le quartier Saint Timothée est lui aussi presque entièrement détruit à la fin de la guerre.
Les belles maisons médiévales de la Place ont malheureusement presque toutes disparu.
Mais il reste à l’angle de la rue Saint-Julien, la boucherie qui est l’une des plus anciennes maisons de la cité des sacres.
Reste aussi debout la grande plaque de marbre rappelant la présence de La première fontaine publique installée par le Chanoine Jean Godinot (1661-1749) , fontaine qui se trouvait à l’angle des rues Saint-Sixte et des Créneaux.
Avant que les fontaines n’existent à Reims, les habitants tiraient l’eau dans des puits.
L’initiative d’avoir un réseau d’adduction d’eau et de fontaines est l’œuvre du Chanoine Jean Godinot (1661-1749).
La construction de la pharmacie.
M Roger Crombée décide de créer à cet emplacement une pharmacie avec les fonds de la reconstruction après-guerre.
Le bâtiment est construit dans un style historiciste (dit aussi style “pastiche”) rappelant l’architecture médiévale avec façades à pignons ardoisés, colombages et tourelles.
L’ouvrage est réalisé par l’architecte Adolphe Prost (architecte notamment de l’Hôtel Le Vergeur à Reims.) suivant un permis de construire de 1922 des architectes rémois Edmond Herbé et Maurice Deffaux.

Hôtel Le Vergeur à Reims